Revue de presse du 6 février 2025
Dernière modification : 8 février 2025
L’esprit critique
Nos sociétés modernes traversent un moment « hypercritique » accentué par les réseaux sociaux. La critique moderne semble avoir perdu de sa performativité. En quoi est-elle en crise ? Peut-on vraiment opposer critique et technique ?
Fanny Lederlin, doctorante en philosophie, a publié « Critique en crise », paru en janvier 2025 aux éditions PUF. Elle répond à Quentin Lafay dans Questions du soir : l’idée sur France Culture.
Elle se réfère notamment à Hanna Arendt pour défendre une véritable pensée critique, contre son dévoiement :
la critique moderne s’est faite dépasser par le technicisme, l’approche rationnelle des problèmes de nos sociétés, qui a permis à l’ordre capitaliste et néo-libéral de s’imposer et d’affaiblir encore la critique.
Une voix qui nous pousse à continuer d’exercer notre esprit critique sur l’agilité et le travail.
-> Un podcast de 25’ à écouter
La fin des fresques ?
Un article du Monde (l’article complet est réservé aux abonnés) nous apprend que la Fresque du climat traverse un trou d’air économique.
Et pourtant les fresques se multiplient, en se réclamant de la fresque du climat. Nous aussi. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour tenter de construire la fresque de l’agilité, mais pas beaucoup pour la diffuser. Peut-être est-ce le moment d’exercer notre esprit critique sur le concept de fresque ?
La fin de l’agilité ?
Nous le savions déjà et nous n’avions pas éprouvé le besoin d’en parler, parce qu’on ne donnait pas d’importance à l’Agile Alliance et encore moins au PMI. Mais comme Rachel en fait un article, voici la nouvelle : l’Agile Alliance se fait bouffer par le PMI.
-> L’article de Rachel Dubois : Agile Alliance + PMI : Une alliance surprenante ou un tournant stratégique ?
Fin de l’agilité ? Pas encore, il reste quelques irréductibles. Et plein de communautés locales, ne connaissant probablement pas l’existence de l’Agile Alliance, qui continuent de penser ensemble et d’exercer leur esprit critique.
L’agilité radicale continue la lutte.
pour une approche sensible par la cartographie
Bruno Latour nous a invités à nous reconnecter au monde et au vivant par une approche sensible. Il a incité tous les artistes à participer à ce mouvement. Dans cette courte émission
de contre cartographie, les artistes s’emparent de cette discipline pour l’amener dans le domaine du sensible et ainsi augmenter nos cartes de ce qui n’est pas visible, un bel exemple de hacking par le sensible.
déchets démesurés, et ensuite ?
La Terre au carré de Janvier 2025 porte sur une question intéressante: “Qu’est ce que nos déchets disent de nous, de nos sociétés de consommation ?”.
Un an après sa dernière intervention dans la Terre au carré de Février 2024, la philosophe Jeanne Guien revient parler du sujet des déchets à la suite de la publication de son dernier ouvrage “Philosophie du déchet”.
Elle y convoque plusieurs auteurs visionnaires comme François Dagognet, André Gortz, Bruno Latour et a piqué notre curiosité, pour l’ajouter à nos lectures. (nous rappelons que le Klub de lecture de ce mois-ci est la BD “Ressources”)
L’intérêt porté par diverses professions sur nos déchets n’est pas nouveau et de différentes natures: industriels du recyclage et économistes s’intéressant au flux de valeurs marchandes, anthropologues, sociologues, philosophes et artistes interrogeant et nous interrogeant sur nos valeurs et représentations sociales.
Nombreuses expositions contemporaines font oeuvre de ces objets et matériaux abandonnés pour nous sensibiliser.
La philosophe cite la célèbre phrase de Marcel Mauss, aussi connu pour son traité sur le don: “Ce qu’il y a de plus important dans une société, ce sont les tas d’ordures”.
Cette émission nous rappelle que nous ne sommes pas détachés des déchets, mais bels et biens corresponsables en tant que consommateurs et producteurs.
En prenant du recul, cela nous conduit inévitablement à questionner nos expériences de travail, sur le lieu de production, en particulier sur nos débuts et nos fins de projet, de produit ou de mission. Si l’on y regarde de plus près le rapport aux déchets peut certainement alimenter un bon chapitre du rapport d’étonnement, même si ce dernier est assez vite oublié parmi d’autres.
Pour conclure cette semaine, par une synthèse systémique, nous pourrions dire:
Être sensible aux déchets, aux abandons, aux transitions, appelle au courage d’être critique sur nous mêmes et mesurés dans nos actes, confrontés plus que jamais aux limites de la démesure.