L'impact sur le vivant
Dernière modification : 24 juin 2024
Le 3e point du manifeste agile, c’est :
nous valorisons la collaboration avec le client plus que la négociation du contrat
Contrat
Un contrat, c’est l’idée qu’une équipe développe le produit à partir d’un document qui décrit précisément le produit attendu.
C’est un engagement qui parait raisonnable pour qui travaille dans le domaine industriel ou dans un domaine réglementé.
Des notions liées au contrat y sont familières :
- la maîtrise d’ouvrage commande ainsi la réalisation à la maîtrise d’œuvre,
- le contrat inclut le cahier des charges, ou la spécification détaillée,
- dans le cas d’un appel d’offres, la négociation permet d’aboutir au choix du contractant qui va ensuite exécuter le contrat.
Collaboration avec le client
Cependant, cela ne fonctionne pas comme ça dans le domaine de la connaissance (knowledge work) :
- il est impossible de spécifier à l’avance ce que sera le produit final,
- c’est même contre-productif car cela pousse à développer des fonctionnalités qui ne seront pas utilisées,
- la séparation en deux entités (une qui écrit le contrat, l’autre qui l’exécute) entretient une défiance néfaste.
Tout cela était constaté bien avant le manifeste qui a entériné
la valeur de la collaboration.
Rappelons que le manifeste se place du côté de l’équipe de développement de logiciel ; le client est considéré comme celui qui exprime le besoin.
Le Product Owner
Après 2001 un rôle a émergé et pris de l’importance avec la diffusion de Scrum, celui de Product Owner.
C’est avec ce représentant des clients et utilisateurs que s’est développée la collaboration. Initialement hors de l’équipe, on s’est vite rendu compte que, pour une véritable collaboration, il fallait qu’il en fasse pleinement partie.
Le Product Owner est dans l’équipe et collabore quotidiennement avec les membres de l’équipe.
Le produit est développé par itérations successives et c’est lui qui oriente vers ce qui apporte le plus de valeur.
Business value
La notion de valeur dévolue au Product Owner celle du business. En France, on utilise valeur métier, ce qui est déjà plus tourné vers les utilisateurs finaux.
Le Product Owner, à la demande des parties prenantes, cherche à maximiser la business value. C’est dans cet esprit qu’il définit les priorités dans le backlog.
Dans ces conditions, il est tout à fait possible que :
- la business value oriente le produit vers le bénéfice de parties prenantes, au détriment de son utilité sociale et écologique,
- que les membres de l’équipe participent à un projet qui va à l’encontre de leur éthique personnelle.
Une équipe pourrait donc être considérée comme très agile avec un Product Owner super efficace alors qu’elle contribue à la destruction des ressources de la biodiversité et à l’augmentation du réchauffement climatique !
L’impact sur le vivant
Le choc du confinement a permis de constater qu’un changement radical de nos façons de vivre était possible.
Par ailleurs, nous avons constaté que beaucoup d’agilistes se sentent concernés par l’urgence climatique et sociale et cherchent à donner au vivant non-humain et humain plus de place dans la société.
Le conseil de Bruno Latour —que nous faisons notre— c’est qu’il ne faut surtout pas revenir à la situation d’avant, celle de la production uniquement orientée business value.
C’est pourquoi nous défendons, pour les produits et services développés, une agilité radicale qui ne s’arrête pas à la collaboration avec le client pour simplement plus de business value :
au-delà de la collaboration avec le client, nous prenons en compte l’impact sur le vivant